Trois questions à Philippe Perchoc
pour son livre Correspondances européennes

 

— Encore un livre sur l'Europe ! Est-ce que les gens n'en ont pas assez ?

— Les gens en ont probablement assez d'un discours moralisateur sur l'Europe. À l'inverse, des ouvrages qui évoquent l'Europe sans parler des institutions connaissent un grand succès, comme celui de Geert Mak. L'Europe, c'est bien plus qu'une série de réunions et de bâtiments en verre à Bruxelles, Luxembourg ou Strasbourg. C'est un fait que les Européens vivent les uns avec les autres, les uns contre les autres, depuis des siècles. L'idée de ce livre, c'est de parler de 11 enjeux européens depuis 11 villes de 9 pays d'Europe à partir des petites histoires d'Européens rencontrés au long du chemin. Quand on est chercheur, il y a ce qu'on cherche et qu'on trouve, ce qu'on cherche et qu'on ne trouve pas, ce qu'on trouve sans chercher. Il y a aussi un moment où c'est votre sujet qui vous trouve. C'est aussi l'histoire de cette rencontre.

— On vante notre merveilleuse diversité européenne. Pourquoi essayer ensuite de se trouver des points communs ?
— Benjamin Constant disait : « La variété, c'est de l'organisation ; l'uniformité, c'est du mécanisme. La variété, c'est la vie ; l'uniformité, c'est la mort ». C'est une chance d'avoir un continent si divers, si contradictoire en un sens. Nous avons certainement des points communs, des passerelles entre nous. Et surtout, nous avons les mêmes problèmes. Pas besoin de se chercher des points communs pour les trouver. Par contre, des solutions communes, c'est ce qui nous manque un peu.

— Les personnes que vous avez rencontrées dans votre livre sont parfois dures pour les institutions européennes. Pourquoi ?
— C'est la réalité de la situation en Europe. On reproche à l'Europe d'avoir trop de pouvoir pour nous ennuyer et pas assez pour nous soutenir. C'est peut-être qu'il faut changer. En Lituanie ces jours-ci, où j'étais pour enseigner, on se demande bien pourquoi il n'y a pas d'armée européenne et de diplomatie unique. Dans tous les cas, la vision idyllique de l'Europe ne mène nulle part. C'est un système politique, ni bon, ni mauvais, nécessaire, criticable et donc susceptible de changer pour mieux répondre à nos attentes contradictoires.