Cet ouvrage brosse un panorama du roman africain de langue française, entendu ici sous la double appartenance de l'Afrique noire et de la langue française. Si le français reste une langue minoritaire en Afrique, il a suscité une littérature abondante qui est envisagée ici en termes de renaissance. En effet, notamment sous l’impulsion des mouvements d’émancipation nord-américain et haïtien, on assiste à l’émergence d’une petite élite intellectuelle et artistique à Paris, au début du XXe siècle, qui ne peut concevoir son développement qu’en réaction à la connotation raciale de son exploitation historique. L’Afrique de l’origine, au-delà du mythe, apparaît donc comme le lieu privilégié de cette renaissance, qui s’exprime d’abord fortement au travers du panafricanisme et à l’ambition de produire une œuvre à l’échelle d’un continent, forte et neuve, qui pour se rénover va puiser aux sources populaires, aux mythes, aux contes. Cependant, la dimension du combat n’est pas oubliée, et des productions majeures comme les negro spirituals s’articulent à des thèmes de lutte, d’émancipation, de justice, ainsi qu’à toute une sociologie urbaine. À Haïti, qui dans son premier siècle d’existence avait surtout perpétué les clivages coloniaux, y compris sur le plan culturel, le créole va faire figure de trait d’union entre le peuple et l’élite.
Genre littéraire inconnu en Afrique avant la colonisation, le roman, par sa plasticité et sa "sociabilité ", finit par s’imposer comme un genre majeur, puissant véhicule de thèmes aussi forts que l’identité et l’héritage. L’ère des indépendances va lui donner un grand essor, en découpant l’histoire du continent en trois temps : avant, pendant et après la colonisation.