Asphyxié sans profonde analyse, l’État Providence a cédé la place à l’État Social Actif (ESA). À travers un référentiel cognitif et normatif, l’ESA propose de concourir à l’égalité des chances et la dignité humaine grâce à une meilleure activation des allocataires sociaux. Faisant de l’emploi sa pierre angulaire de l’insertion sociale, l’ESA invoque la responsabilisation de chacun et le développement de son employabilité. Cette invocation n’est toutefois pas sans effets pervers qu’il convient de saisir à travers un regard critique. L’aide en milieu ouvert, issue d’un mouvement de contestation du traitement judiciaire et du sanctionnel, portée par une critique sociale des logiques de domination et de disciplination, présente aujourd’hui des homologies troublantes avec le référentiel de l’ESA. Cette homologie nous incite à suggérer, ne éloigné de ceux-ci. Or, les transformations des principes d’action dans les AMO ne semblent pas avoir fait l’objet d’une véritable analyse critique de la part des acteurs de ce champ. Cette évacuation de la critique pose question. Finalement, où et comment l’intervenant social peut-il s’outiller pour devenir réellement actif, comprendre les enjeux qui le gouvernent et développer une capacité d’interpellation socio-politique ?