Envisageant la voix comme métaphore de l'identité, cette thèse choisit pour terrains spécifiques d’étude et d’observation, le travail vocal de futurs comédiens et de futurs psychothérapeutes à médiation corporelle. Celui-ci est évalué en tant que facteur d’intégration, de construction ou de «remaniement» de l’identité de la personne « en travail ».
Un premier chapitre apporte un éclairage sur le « travail » de la voix comme support de l’identité. L’auteur y constate que la voix ne peut jamais être qualifiée de «naturelle» : des aspects biogénétiques, psychiques et socioculturels la «travaille». Au plan communicationnel, ceci mène à considérer l’identité humaine et ses capacités de réflexivité en termes d’enracinement fort dans la réalité audiophonologique.
« Penser la voix » est difficile et rare. C’est ce que met en lumière le deuxième chapitre, « le sonore, le vivant et l’univers vocal ». Depuis toujours, la voix inscrit dans l’univers des représentations imaginaires, une multitude de résonances que l’homme cherche à contrôler. Elle « travaille » les inconscients de scientifiques, d’esthètes, de philosophes, de musiciens ou tout simplement de l’homme de la rue, à leur insu !
Dans « l’identité et le geste vocal » (troisième chapitre), l’auteur découvre que si l’identité s’avère paradoxale, la voix l’est aussi en tant que phénomène transitionnel au sens où le pédopsychiatre et psychanalyste anglais Winnicott, l’a défini : un phénomène vécu activement et faisant lien entre deux réalités apparemment séparées et pourtant liées. L’examen d’autres auteurs intéressés par le langage sonore et l’identité (Anzieu, Fonagy, Castarède,…) renforce cette idée.
S’appuyant sur les approches conjuguées de la « transitionnalité » de Winnicott et del’« icône » du sémiologue Peirce, l’enquête rapportée dans la partie expérimentale observe le jeu transitionnel qui s’opère dans le travail de la voix d’apprentis comédiens et d’apprentis psychothérapeutes. Lorsqu’elle concerne la voix, l’« icône », figure par excellence de l’échange, signe permettant une manipulation commune partagée dans l’espace entre-deux de la relation, s’impose aussi comme le lieu de la mobilisation de l’identité dans la relation. Ce fait apparaît sur chacun des terrains d’observation et peut être généralisé à toute autre réalité d’échange vocal.
Cette thèse peut être accompagnée d’un CD reprenant des extraits significatifs de la démonstration de l’auteur.