Les apologistes grecs du IIe siècle ne suscitent plus guère d'intérêt. Cela peut sembler paradoxal alors que, dans une perspective de retour aux sources, on étudie tant les premiers auteurs chrétiens. Cette nouvelle synthèse veut mettre en évidence la pensée des apologistes en étudiant de manière approfondie leur personnalité philosophique et littéraire.
Les apologistes manifestent un point de rencontre et d’opposition unique entre deux formes de pensée profondément différentes : les cultures grecque et chrétienne, à une époque où le christianisme cherche à se présenter aux Gentils sous une forme hellénisée. Or, si le recours des penseurs chrétiens à Platon est bien connu, les apologistes ont aussi largement puisé aux poètes grecs, au premier rang desquels Homère. C’est aux citations de ces poètes que s’intéresse la présente étude.
L’interaction entre la conception antique du destin et la vision chrétienne de l’homme se traduit aussi par une instauration positive de valeurs nouvelles. Frisant souvent le paradoxe, les apologistes entendent défendre une image de l’homme centrée sur la rédemption, tout en s’efforçant d’intégrer dans le message chrétien des éléments fondamentaux de la pensée païenne.
Les apologies ne sont pas des traités de théologie. Elles sont souvent rédigées sur le vif, dans des périodes de troubles, pour défendre des coreligionnaires attaqués, dénoncés, menacés de mort. Il serait alors vain de vouloir y trouver le déploiement serein d’une réflexion féconde qu’accompagnent la paix, la stabilité, la liberté religieuse et d’expression.
Ce volume étudie principalement quatre apologistes : Justin, Tatien, Athénagore et Théophile, auxquels s’ajoutent deux autres auteurs qui, s’ils ne sont pas eux-mêmes des apologistes, ont produit trois textes importants appartenant au genre : Clément d’Alexandrie et le Pseudo-Justin.