Michel Henry – bien que considéré comme un penseur de la « vie » et des « vivants » – n'a cessé de méditer le fameux memento mori, marque insigne de la destinée de la philosophie. Comme philosophe de la subjectivité, il a identifié la vie à « ce qui ne peut pas mourir »... Lire la suite
Michel Henry – bien que considéré comme un penseur de la « vie » et des « vivants » – n'a cessé de méditer le fameux memento mori, marque insigne de la destinée de la philosophie. Comme philosophe de la subjectivité, il a identifié la vie à « ce qui ne peut pas mourir », rompant ainsi avec ce qu’il y avait de moribond dans l’onto-thanatologie heideggérienne d’Être et Temps. Cet ouvrage élucide et interprète ces rapports entre la vie et la mort, l’être et le temps. Mais il pose une question de fond : en pensant la vie comme auto-révélation et auto-affection, Michel Henry n’aurait-il pas, de façon idéaliste, esquivé le phénomène incontestable et brutal de la mort, voire barré, par principe, une humaine intelligibilité de ce dernier ? En interrogeant l’élaboration henryenne des tensions conceptuelles entre une sotériologie rigoureusement philosophique et les paradoxes de l’eschatologie religieuse, le livre montre les enjeux mais aussi les faiblesses – ou les oublis – de la phénoménologie henryenne quand elle doit bien faire face à la mort.
Introduction. La Vie à l'exclusion de la mort ? 5
Première partie. La subjectivité henryenne et la question de l’eschatologie 13
1. Notre subjectivité originaire ne tombe point sous l’emprise de la mort 17
2. La sotériologie henryenne est-elle une « eschatologie » ? 22
3. Phénoménologie henryenne et eschatologie chrétienne : les limites d’une « convergence » 36
Deuxième partie. Retour critique sur l’interprétation henryenne du dualisme traditionnel 41
1. La chair phénoménologique comme unité originaire et indissoluble de l’âme et du corps 43
2. Incarnation et structuration organico-chosique 57
3. Repenser la mort et la résurrection par-delà la réduction du dualisme traditionnel à la duplicité de l’apparaître 71
Troisième partie. '‘Bienheureux les désespérés’’. Une justification phénoménologique de l’apocatastase ? 101
1. Nature et statut phénoménologiques de la « béatitude » dans L’essence de la manifestation 106
2. La tension, au § 70, entre la possibilité d’une « mort éternelle » et l’hypothèse d’une apocatastase 108
3. L’exigence d’une prise en compte du point de vue existentiel 113
Quatrième partie. « Les corps seront jugés ». Penser l’autodétermination eschatologique de notre subjectivité 117
1. L’habitus comme mémoire existentielle de notre corps 120
2. L’instant de notre mort : séparation de l’âme, répétition hallucinatoire, jugement dernier 122
3. La « contradiction atroce et monstrueuse » et sa résolution eschatologique 134
Conclusion. Après Marx, Platon ? 153