La sécularisation à laquelle est confrontée la société musulmane concerne la culture et non les textes sacrés. L'expression « religion sécularisée » n’a pas de sens, dans la mesure où on ne sécularise pas Dieu ; mais on sécularise la culture par laquelle la foi est vécue... Lire la suite
La sécularisation à laquelle est confrontée la société musulmane concerne la culture et non les textes sacrés. L'expression « religion sécularisée » n’a pas de sens, dans la mesure où on ne sécularise pas Dieu ; mais on sécularise la culture par laquelle la foi est vécue. Pour bâtir une modernité cohérente avec les valeurs religieuses, les musulmans n’ont pas besoin de modifier le Coran ; il suffit qu’ils le lisent autrement, y compris en utilisant la ressource qu’il offre : l’abrogation (en-naskh) de certains versets par d’autres versets. Ici, la phénoménologie peut aider à l’évolution des représentations culturelles : la vraie interprétation humaine du texte sacré n’existe pas ; le texte sacré existe pour soi et non en soi. Pour traduire cette hypothèse dans la vie quotidienne, la transition de Platon à Kant est nécessaire. Ce livre a pour ambition d’apporter un éclairage à cet enjeu consistant à libérer la culture musulmane du dualisme platonicien, comme l’a été auparavant la culture européenne. On objectera que c’est une démarche européocentriste ; elle le serait s’il existait une supposée essence européenne ontologiquement différente d’une supposée essence musulmane. Platon, qui a eu une influence considérable sur la culture musulmane, n’est pas un Arabe et Ibn Roshd qui a eu un impact au nord de la Méditerranée est un Maghrébin. Il n’y a alors aucune raison pour que Kant ne soit pas accueilli en terre d’islam.