Tantôt creuset de la démocratie, tantôt vivier du clientélisme politique, la petite ville semble être une réalité soumise à des représentations manichéennes. Mais qu'en est-il à l’heure d’un urbain généralisé qui, considéré dans sa radicalité, signifierait la fin de la petite ville ? Lire la suite
Tantôt creuset de la démocratie, tantôt vivier du clientélisme politique, la petite ville semble être une réalité soumise à des représentations manichéennes. Mais qu'en est-il à l’heure d’un urbain généralisé qui, considéré dans sa radicalité, signifierait la fin de la petite ville ?
Qu’advient-il lorsque la politique locale s’avère plus que jamais enchâssée dans des jeux d’échelles entre de multiples niveaux de pouvoir ? Ou encore, quel sens la participation démocratique territorialisée peut-elle avoir au cœur d’un quotidien individuel caractérisé par la diversité des lieux de vie ?
Pour répondre à ces questions, le pari tenu dans cette recherche a été de suivre comment des projets urbains inclusifs circulent entre différentes scènes et sont retraduits localement. Trois études de cas, menées à partir de programmes (européen, fédéral belge et wallon) mis en oeuvre par trois villes wallonnes, décortiquent les interventions de multiples acteurs au cours de l’avancement de ces projets ainsi que leurs interactions. Ces enquêtes permettent de mettre en évidence des phénomènes sociopolitiques que les politiques urbaines produisent ou renforcent indirectement : l’opacification, la modernisation et la personnalisation de l’espace politique des villes. Ces analyses et leur assise empirique débouchent enfin sur une réflexion plus générale au sujet de la gouvernance locale et de l’expérience démocratique aujourd’hui.
Préface Philippe Scieur 7
Introduction – Interrogations dans la ville polycentrique 9
1. La démocratie urbaine sans vision intégratrice, le cas des petites villes 10
1.1. Les petites villes comme espaces à géométrie variable 12
1.2. Les petites villes comme entités et scènes politiques 14
1.3. Les petites villes comme espaces politiques multiniveaux 16
2. Une expérience de recherche et un pacte de lecture 18
2.1. Un processus de recherche rétroactif 18
2.2. La démocratie et la question de l'espace politique des villes 20
2.3. Une démarche d’écriture inspirée par Les Villes invisibles 21
Chapitre 1. L’espace politique de la ville, une approche heuristique 25
1. Définition heuristique de l’espace politique de la ville 25
1.1. L’apport de Rancière à l’analyse de l’action publique urbaine 26
1.2. L’espace politique comme horizon balisé et indéterminé 28
1.3. « Faire ville » 29
2. Le transcodage comme instrument d’opérationnalisation 31
2.1. De la polémique et de la controverse, un rapprochement épistémologique et politique 31
2.2. De la traduction au transcodage, une sociologie de l’action publique 33
3. Comprendre l’espace politique des villes à partir de trois dimensions 36
3.1. Appréhender l’espace politique des villes 36
3.2. Les supports de l’espace politique de la ville 38
3.3. La représentation de l’espace politique de la ville 40
3.4. L’expérience de l’espace politique de la ville 41
Chapitre 2. L’espace politique des villes – Gouvernance ordinaire, localisme institutionnel et interrogation démocratique 43
1. La gouvernance ordinaire, une mise en cohérence du gouvernement de la ville 44
1.1. Les registres de sens de la gouvernance et leurs implications analytiques 45
1.2. La gouvernance ordinaire comme processus d’innovation des modes de gouvernement 50
1.3. L’ordinaire de la gouvernance ou l’action publique urbaine au travail 53
2. Le localisme institutionnel, des jeux d’échelles incontournables 57
2.1. Les localismes comme formes sociales spontanées et la globalisation 59
2.2. Un localisme institutionnel 63
3. L’interrogation démocratique, un rappel de l’égalité dans une société divisée 70
Chapitre 3. De la résonance des cas au raisonnement comparatif 79
1. Trois villes, trois cas. Quelles différences ? Quelles similitudes ? 79
1.1. La diversification maximale, un principe au cœur d’une logique de recherche inductive 81
1.2. Repérer les traits de similitude entre les cas 89
2. La recherche sociologique, un va-et-vient entre empirie, analyse et écriture 93
2.1. Le raisonnement sociologique : un processus subjectif, un produit objectivé 94
2.2. Des monographies aux cas. Introduire le raisonnement 95
2.3. Du particulier et du général. Attribuer des faits et du sens 99
2.4. La pensée par cas et le roman. Rendre intelligible des modes d’existence 102
2.5. La comparaison, processus ou finalité ? 105
3. Jouer avec les différences et les similitudes, un travail en boucle 107
Chapitre 4. Isaura et l’opacification 111
1. Isaura, ancien bastion industriel 111
2. Comment s’est monté le projet « Ville durable – Isaura 2009 » ? Continuités et discontinuités du projet 112
2.1. Élaborer le programme fédéral politique des grandes villes 2009. Traduire le référentiel de la ville durable et susciter des visions de l’action urbaine 112
2.2. Monter le projet. Recourir au travail de l’expert et, au final, mobiliser les partenaires 114
2.3. Remplir le dossier. La tâche de la coordination locale et les allers-retours rapides avec le fédéral 116
2.4. Finaliser la convention. Le pragmatisme de l’administration fédérale et l’éviction de l’Échevin libéral 117
2.5. Évaluer la programmation 2005-2007. Critiquer la coordination locale et donner des pistes d’innovation urbaine 118
3. Les catégories de transcodage des « Directives générales du programme politique des grandes villes – année 2009 » 119
3.1. L’expert – Traduire des référentiels globaux 119
3.2. Le Bourgmestre – Garder le monopole des dépenses communales 121
3.3. La coordination locale – Rentrer dans les temps un dossier de financement 123
3.4. Administration PGV – Assurer l’effectivité et la visibilité des dépenses 125
4. Combinaisons et confrontations des catégories de transcodage – Du projet urbain au retour au projet n-1, production systémique de l’opacité 128
4.1. De la combinaison des catégories de transcodage à la formation de logiques d’action communes 128
4.2. Logiques d’action effectives versus principes d’action encouragés 134
4.3. La mise hors-jeu de l’expert et de l’Échevin 137
4.4. La clandestinité comme mode de gouvernement, l’opacité comme principe du localisme 140
Chapitre 5. Foedora et la modernisation 145
1. Foedora, commune en quête d’identité 145
2. Comment sortir du projet Urban2 de Foedora et en pérenniser les acquis ? 145
2.1. Le montage d’un projet urbain, une ascension politique 146
2.2. L’architecture complexe du projet Urban2 de Foedora 147
2.3. L’enjeu du partenariat et la valorisation de métiers de coordination 148
2.4. Le maillage des projets de l’axe 3 149
2.5. L’irrésolution politique et le départ des agents de développement et de coordination 153
3. Les catégories de transcodage du projet Urban2 154
3.1. La nouvelle équipe maïorale – Le tremplin politique et la réforme locale 155
3.2. Les professionnels de la gestion urbaine – La mobilisation et les désillusions 158
3.3. Les habitants – Les frustrations et le maintien de l’espoir 161
3.4. Les institutions et associations locales – Entre opportunité sociale et organisationnelle 164
4. Urban2 comme clé d’opportunité méthodologique 167
4.1. De la combinaison de catégories de transcodage à la formation de logiques d’action communes 168
4.2. De l’innovation par les instruments à l’empilage de dispositifs 172
4.3. De la mobilisation à l’exigence d’exemplarité 173
4.4. La modernisation par le localisme – De l’utopie à l’idéologie 175
Chapitre 6. Léandra et la personnalisation 179
1. Léandra, la petite ville marquée par le périurbain et l’attrait de la campagne 179
2. De l’Opération de développement rural au Programme communal de développement rural de Léandra 180
2.1. Encourager le développement rural et la participation – Un décret wallon du début des années 1990 181
2.2. Entamer une Opération de développement rural 183
2.3. Le rôle du dispositif des Quartiers dans la mise en oeuvre de la participation 186
2.4. Les réunions thématiques – Un brainstorming avec les « acteurs-clés » 187
2.5. Les réunions de quartier – La portion congrue dévolue au PCDR 190
3. Un différentiel de mobilisation autour du PCDR 193
3.1. Les nouveaux services communaux – Susciter l’élaboration de projets 193
3.2. Le Bourgmestre – Choisir ensemble des projets finançables 195
3.3. Les habitants – Résoudre prioritairement la gestion du quotidien 198
3.4. Les représentants de quartier – Préciser les attentes des habitants, traduire celles du politique 200
3.5. Les conseillers communaux – Parler en politicien ou se taire ? 203
4. Le PCDR comme observatoire de l’espace politique de Léandra – L’encouragement à la participation et la production de leaders locaux 206
4.1. De la combinaison de catégories de transcodage à la formation de logiques d’action communes 207
4.2. De l’ambiguïté de la définition des quartiers à l’imbrication des registres politiques 215
4.3. Des paradoxes de la responsabilisation à une pragmatique du pouvoir219
4.4. Réinventer une communauté locale ou démocratiser l’espace politique ? – La personnalisation comme principe du localisme222
Chapitre 7. Horizons du travail de politique urbaine 227
1. Entre politiques urbaines innovantes et reproduction de l’ordre local, l’opacification de l’espace politique de la ville 227
1.1. L’opacité et les fonctions du secret 227
1.2. Le travail des politiques urbaines et l’espace politique de la ville sous l’angle de l’opacification 230
2. L’horizon normatif des politiques urbaines et la modernisation de l’espace politique de la ville 236
2.1. La modernisation, la démocratisation et les fonctions de la rationalité organisatrice 237
2.2. Le travail des politiques urbaines et l’espace politique de la ville sous l’angle de la modernisation 240
3. Instrumentation de l’action locale par les politiques urbaines et personnalisation de l’espace politique de la ville 244
3.1. La personnalisation et les fonctions de la « participation institutionnalisée » 245
3.2. Le travail des politiques urbaines et l’espace politique de la ville sous l’angle de la personnalisation 250
Conclusion – La démocratie et les villes 255
1. Modernisation et opacification, ou l’illisibilité des sociétés 256
2. Simplicité institutionnelle et démarche d’intelligibilité de l’action publique 259
3. Évaluation de la simplicité et de l’intelligibilité institutionnelle à l’aune de la personnalisation 262
Bibliographie 267