Le présent volume s'attache à retracer les conditions d’émergence d’une médecine qui se détache définitivement de l’enseignement médiéval, principalement scholastique, pour aboutir à la médecine clinique "moderne ", telle qu’on la conçoit au XIXe siècle. Les contributions mettent en lumière les pôles d’activité de ce développement, de Leyde à Paris en passant par Vienne, Louvain, Edimburg et Montpellier. Ce n’est pas
seulement la pratique qui évolue mais aussi, bien entendu, l’enseignement et la recherche qui l’accompagnent, ainsi que, remarquablement, la chirurgie et la pharmacie, qui, du barbier au chirurgien et de l’apothicaire au pharmacien, s’érigent en véritables professions, appuyées sur l’anatomie et sur la chimie, et exigeant désormais une formation adéquate. Le monde politique n’est pas indifférent à cette évolution : il y participe en imposant des réformes à l’Université, pour moderniser la pratique par l’amélioration de l’enseignement et de la recherche, soucieux d’éviter l’exode des étudiants et des professeurs vers des centres plus réputés. Il a aussi d’autres effets plus désastreux, comme la Révolution française qui ferme purement et simplement les universités dans les territoires qu’elle contrôle. Dans ce contexte, la presse médicale fait son apparition, s’appuyant sur la littérature produite par les grands médecins ainsi que sur le retentissement des opérations ou expériences notables qu’ils réalisent : elle reflète à la fois l’image du médecin moderne et les attentes renouvelées du public à l’égard de cette figure sociale importante.